AfPak

  
      Georges Lefeuvre
   Georges Lefeuvre

Consultant, spécialiste Pakistan - Afghanistan - Asie Centrale
  • Anthropologue, chercheur univ. 16 ans dont 6 ans de terrain dans village de la frontière "Af-Pak"
  • Ancien administrateur de programmes en Afghanistan (4 ans)
  • Ancien directeur Centre Culturel (Alliance Française) à Peshawar (4 ans)
  • Ancien diplomate, attaché culturel en Ouzbékistan puis au Pakistan, (8 ans)
  • Ancien diplomate, attaché politique de l'Union européenne au Pakistan, (7 ans).
  • Consultant indépendant, Fondateur et directeur Af-Pak Research

RAISON ET FONCTIONNEMENT DU SITE

Après plus de 35 ans passés dans la région (Pakistan, Afghanistan, Ouzbékistan) dont 16 consacrés à la recherche, 12 au service du Ministère des affaires étrangères (MAE) et 7 au service de la Commission européenne, j'ai ouvert ce site pour proposer une approche à la fois historique, anthropologique et politique des complexités régionales, afin d'offrir aux acteurs engagés sur le terrain (gouvernements et institutions publiques, nationales et internationales, organismes de recherche, ONG, entreprises) les analyses ad hoc et approfondies dont ils ont besoin pour appréhender une région en pleine mutation (de l'Asie centrale à l'Inde), au centre de laquelle se trouve une zone de turbulences permanentes (Afghanistan-Pakistan), matrice du djihad international (Al Qaeda sous toutes ses formes actuelles : AQMI, AQAP, AQIS, Al Nusra, mais aussi Daesh etc.), dont la radicalisation n'a cessé de croître depuis 2001. Cette zone dite "af-Pak" menace de déstabiliser les deux États concernés ; les conséquences en seraient considérables compte tenu de la densité démographique (un ensemble de plus de 200 millions d'habitants).


CONSULTATIONS

Elles peuvent être envisagées sous différents formats

  • Missions et études de terrain, courte ou longue durée selon le sujet. 
  • Analyses politiques ad-hoc.
  • Études de projets (faisabilité, environnements de sécurité, suivi).
  • Conférences.
  • Formation de cadres et du personnel d'ONG et entreprises etc.

Pour plus de détails sur la connaissance approfondie de la région Af-Pak, sur le fonds documentaire disponible et sur l'inégalable expérience de terrain acquise au Pakistan, en Afghanistan et en Asie centrale, consultez les rubriques du menu :

  • Ma différence (ci-dessous)
  • Approche générale (ci-dessous)
  • Parcours
  • Publications  (livres, périodiques, publications scientifiques)
  • Conférences
  • Médias
  • Inédits (fonds documentaire, analyses, grands dossiers thématiques etc.)


MA DIFFÉRENCE

Elle tient en une phrase que j'emprunte au sociologue Edgar Morin, vétéran respecté de nos philosophes français et pertinent scrutateur du monde politique contemporain : "Il est urgent de restaurer les rapports complexes de l'homme avec la planète terre. […] "Complexus" signifie "tout ce qui est tissé ensemble". Quand nous passons à la période planétaire que nous vivons, nous nous rendons compte qu'il y a un tissu d'interactions entre ce qui est historique, politique, ce qui est économique, démographique, social, religieux etc… Tous les aspects sont mêlés, il faut donc tenir compte de tout cela. C'est un effort difficile de penser ensemble tout ce qui est relié, et notre incapacité à le faire nous occulte les problèmes les plus fondamentaux, nous rend myopes, parfois aveugles. Aujourd'hui les "experts" sont sans doute très compétents dans un secteur limité, mais ils sont incapables de voir la relation de leur secteur avec les autres secteurs. Et tous ces experts qui fourmillent autour des gouvernants de tous poils, n'ont eux-mêmes que des visions unilatérales…"

2001-2021- Des talibans aux talibans !... L'échec absolu des 39 pays de la coalition internationale et de l'OTAN sous commandement américain, après 20 ans d'intervention en Afghanistan, mais aussi les incertitudes sur l'attitude politique à adopter à l'égard du Pakistan, tiennent à cette "incapacité" qu'explique Edgar Morin.

Ainsi mon approche de la complexité de la région Afghanistan-Pakistan mais aussi Inde, Iran et Asie centrale, n'a rien à voir avec une juxtaposition de grilles de lecture techniques et sectorielles, applicables en toutes circonstances et partout dans le monde mais le plus souvent inopérantes. Je me suis restreint à cette seule région parce que je me suis efforcé, depuis plus de 30 ans, d'en considérer et d'en relier tous les aspects, historiques, anthropologiques, religieux, politiques, économiques etc…

La région dite "Afpak" est en effet très complexe et sujette à des insurrections quasi permanentes depuis bientôt trois siècles. C'est aujourd'hui un des facteurs les plus dangereux pour l'équilibre du monde parce que tout s'y mêle : séquelles de l'ère coloniale, nationalismes exacerbés, islamisme radical et militant, arsenal nucléaire, le tout dans une zone de très forte concentration démographie (Afghanistan + Pakistan = plus de 250 millions d"habitants).

Aucun pays intervenant en Afghanistan et au Pakistan ne peut plus se désintéresser de ce risque majeur, même après le retrait des forces de l'Otan, et quel que soit par ailleurs son intérêt ou non-intérêt stratégique immédiat.

 
APPROCHE GÉNÉRALE

Au début du XVIIIème siècle, coincées entre trois grands empires en expansion, Moghol (Inde), Shaybanide (Asie centrale), et Safavide (Iran), les tribus pashtounes se révoltent et trouvent leur  espace vital en 1747 lorsque leur chef Ahmad Shah Abdali Durrani fonde l'Afghanistan. Né au centre de ce que les Britanniques appelleront plus tard le "Great Game" (le Grand Jeu), l'Afghanistan ne survivra au XIXème siècle colonial qu'en guerroyant contre ses nouveaux grands voisins prédateurs : l'empire russe au nord, l'empire indien britannique à l'est. Aux tribus pashtounes se joignent des peuples tadjikes, ouzbeks, turkmènes, hazaras, et d'autres encore, soucieux autant que les Pashtounes de ne pas tomber sous les tutelles coloniales.

Trois guerres dites "anglo-afghanes" se solderont par l'établissement d'une ligne séparative, encore appelée "Ligne Mortimer Durand" du nom du colonel Britannique qui l'avait tracée (objet de 4 traités entre 1893 et 1921). Ligne de démarcation ou frontière internationale ? La réponse n'est pas univoque, ce qui ne simplifie pas les relations entre l'Afghanistan qui n'a jamais reconnu cette frontière et le Pakistan pour qui la question ne se pose même pas. L'essentiel des troubles Af-Pak d'aujourd'hui contient dans ce qui précède : l'Afghanistan multiethnique n'est pas exempt de tensions intérieures mais tous les Afghans ont en commun une farouche et séculaire culture de l'indépendance nationale, dans des limites territoriales qui posent toutefois problème avec le voisin pakistanais, héritier de traités britanniques ambigus et souvent ingérables.

Le Pakistan n'est donc pas moins complexe, par les conditions même de sa création en 1947 et les découpages territoriaux hasardeux de la décolonisation. Il est même devenu un des pays les plus dangereux qui soit, pour lui-même et pour la région. Le Pakistan, dont les relations ont toujours été tendues avec l'Inde (3 guerres), et très ambiguës avec l'Afghanistan (profondeur stratégique), est ainsi devenu le centre de gravité d'une région qui peut exploser à tout moment, du sud et de l'est de l'Afghanistan jusqu'au Kashmir, en passant par le Balouchistan séparatiste et les zones pashtounes (tribales et non tribales) qui sont devenues le terrain fertile des nouvelles insurrections et du "jihad mondialisé" (al Qaeda et Daesh). Les groupes terroristes d'idéologie wahhabite se sont lentement mais sûrement implantés, non seulement dans les zones précitées, mais aussi dans les provinces du Penjab et du Sindh et ont fait leur jonction opérationnelle avec les taliban pashtounes d'Afghanistan et du Pakistan, avec des groupes d'Asie centrale, du Caucase, de Turquie orientale et du Sinkiang chinois.

*Source : d'après Georges Lefeuvre, Infographie Le Monde 

 

MÉTHODE

D'un point de vue pratique, le suivi analytique de la région demande évidemment un constant travail de consultation et d'analyse de la presse régionale et internationale, et une confrontation critique régulière des différents analystes régionaux, think-tanks etc, afin de saisir les moindres frémissements d'une réalité très instable et changeante. D'autres le font mais cela ne sert à rien s'il n'y a pas en amont et en parallèle un exigeant travail de recherche théorique (histoire, géographie humaine, idéologies de l'islam, schismes et sectes, histoire du jihad, les penseurs du jihad, regards sur l'Asie centrale, la mosaïque des peuples et histoire du "great game" etc.) Enfin, rien ne remplace les missions et séjours de terrain et les contacts personnels, surtout ceux qui ne sont pas institutionnels, mais sont aussi variés que possible.

Ainsi au cours des 40 dernières années, j'ai séjourné plusieurs fois, pour un total de 6 ans (recherche anthropologique), dans une tribu de la frontière "Af-Pak" ; j'ai ensuite travaillé pendant 6 ans avec les réfugiés afghans de Peshawar ; enfin, j'ai mené de nombreuses missions - à titre professionnel mais aussi personnel - en Afghanistan, en Asie centrale (Ouzbékistan et Tadjikistan), et dans toutes les provinces du Pakistan, y compris les zones tribales. Toujours invité et le plus souvent accompagné par les plus fiables de mes contacts, j'évite généralement le carcan des voyages officiels – sans surprise - préférant l'indépendance et la flexibilité de voyages par la route, au volant de ma voiture personnelle. (cf. dans rubrique Publications mon carnet de voyage trans-Afghanistan, immédiatement après le 11 septembre, publié par Le Monde du 4 octobre 2001).

C'est dans ces conditions que j'ai pu réaliser une étude sur le trafic des drogues en Asie Centrale (OGD 1996), que j'ai observé les premiers signes de l'islam radical à Namagan et Andijan (Ouzbékistan 1995) et ses liens avec une société de prédication du Pakistan, découvert au Pakistan les entrelacs sociopolitiques et identitaires de régions qui posent aujourd'hui problème. J'ai ainsi maintes fois voyagé dans le sud Penjab séraïkiphone (Multan, Rahimyar Khan), le désert du Cholistan (rencontre des sociétés "Dalits Mahrwari"), le Sindh et même le très instable Baluchistan (3 fois, par le district tribal de Dera Bugti et jusque Gwadar et la frontière côtière iranienne (Jiwani).

Enfin, des zones frontalières Af-Pak où j'ai le plus longtemps séjourné (12 ans), là précisément où sont aujourd'hui installées les bases des réseaux d'insurrection et du terrorisme, j'ai gardé des contacts anciens, pertinents et fiables, et tout autant dans le Gilgit-Baltistan (ex "Northern Areas") où j'ai séjourné une année en 1974 (Gilgit, Hunza, Nagar), qui est aujourd'hui la route de militants radicaux vers les insurrections ouïghoures du Sin-Kiang chinois (Kashgar, Urumci)